• Retour
  • Histoire
  • Germain Restouble
  • Le cinéma REX
  • 20 ans plus tard
  • Maintenant

Memoires de la Vie Moderne et du 7ème Art

Collection Tempus Fugit


20 ans plus tard

Vingt ans plus tard, en juin 1993, Germain m'appelait au téléphone :
"Je vous appelle car je sais que vous tenez au cinéma et j'aimerai vous montrer quelque chose et avoir votre avis".

Rendez-vous pris, le lendemain, sous la pluie, je rejoignais Germain Restouble, devant cette grille verte que j'avais tant de fois ouverte. Derrière elle, un amoncellement de matériels empêchait tout passage. Tant bien que mal on se fraya un chemin pour atteindre la cour et entrer dans la salle par le fond. Le balcon s'était effondré sur les sièges et tenait par des étais de maçon, une partie de la toiture du hangar à l'arrière de la salle du cinéma, s'est effondrée. Il faut la refaire entièrement. Germain me dit qu'il ne pouvait financer de travaux. Dans la cabine de projection, c'était le désastre. La fuite de la faîtière s'était reformée et l'eau avait fait des ravages. L'armoire électrique était complètement pourrie, l'ampli son avait disparu. Les deux projecteurs que j'avais tant bichonnés étaient rouges de rouille. Les chronos ne tournaient plus. Quel gâchis. Mon travail m'empêchant de me libérer, c'est avec des bâches accrochées tant bien que mal, que furent limités les dégâts de la pluie, mais pas plus.

Par la suite, je vins régulièrement m'entretenir avec Germain sur l'idée d'une association afin de mettre en valeur tout ce qu'il avait emmagasiné de pièces et d'appareils de toutes sortes. Dans la première pièce de son appartement rue Neuve et dans le local qu'il louait en face, étaient présentés des dizaines d'appareils. L'idée de création d'une association lui plaisait et "Association du 7eme art" lui allait bien. Il créa une affiche qu'il mit en place dans la vitrine du magasin de la rue neuve. A cette idée, il retrouva un entrain qui le faisait rajeunir. Un article dans midi libre lui rendit honneur en janvier 1997.
En mai 1997, pour sauver ce qui semble possible, on entreprend de protéger sur place les projecteurs. Avec l'aide d'un ami, on dépose les chronos et on nettoie les pieds. En raison de l'évolution de la technologie, ce sont des pièces de musée que nous sauvons. C'est le 9 mai que nous créons des statuts de l'association mais Germain Restouble ne veut pas être dans le Conseil d'Administration, membre d'honneur lui convient très bien disait-il. Pendant trois ans, par étapes, nous envisageons le déplacement de tout le matériel. Mes occupations professionnelles m'empêchent de consacrer plus de temps à la concrétisation de l'opération. Le 2 septembre 2000 Germain donne par un acte sous seing privé l'ensemble de son matériel à l'association en création. Pour valoriser l'ensemble du travail représenté par 80 années professionnelles, nous décidons de l'appeler "Mémoires de la vie moderne et du 7 ème art". Mémoires pour tout le patrimoine inscrit dans les registres de Germain et pour le rappel des savoirs faire. De la vie moderne, pour parler de tous les appareils de la vie courante depuis l'arrivée de l'électricité. Du 7 ème art pour tout ce qui concerne le cinéma.
Seulement Germain est très faible et vivant seul, se nourrit peu. Le 6 septembre, le service de portage des repas à domicile le découvre à terre dans sa cuisine et appelle la mairie. Germain est hospitalisé. Les statuts de l'association sont déposés le 8 septembre. Le 10 septembre à l'hôpital, il tombe de son lit et se brise le col du fémur. Le délabrement de son état physique et cardiaque empêche toute intervention. Il doit retrouver des forces avant tout. Les visites que je fais à son chevet me laissent penser qu'il aura du mal à se remettre. Le 17 octobre il s'éteint à l'âge de 97 ans. Il n'y aura qu'une dizaine d'Anduziens à ses obsèques, lui qui était si populaire et qui, en regardant bien, avait beaucoup fait pour le bien de sa ville, comme exemple, durant les inondations de 1958, il avait de sa propre initiative aidé à rétablir le système de distribution de l'eau potable.

Pour l'association, c'est le début des difficultés pour sauver le matériel. Visite chez le Maire, chez le notaire, contact des héritiers. Tous promettent de faire au mieux mais se renvoient la balle. Le Maire attend la décision du notaire, les héritiers attendent le point de vue du notaire. Celui-ci récuse la donation signée de Germain Restouble envers l'association en raison de la forme dactylographiée de l'acte bien que la signature de Germain Restouble ait été authentifiée. L'ensemble du matériel sera donc englobé dans la succession. Les héritiers s'en tiendront aux dires du Notaire et du Maire. La situation financière de feu Germain Restouble n'étant pas brillante, ils renoncent à la succession.
C'est la commune qui couvre les frais et qui devient propriétaire des biens. Lors d'un rendez-vous, le Maire de l'époque (Monsieur Bonnal) m'apprend que la maison de Germain a été "visitée" et que beaucoup de choses avaient disparu. Il promit aussi que le cinéma serait transformé en salle de réunion et d'exposition qui serait appelée "Salle Germain Restouble". Ce fut durant quelques années l'Hôtel des finances maintenant fermé. Germain doit se retourner dans sa tombe, lui qui n'aimait pas trop le percepteur.
Les archives de Germain furent cédées à un brocanteur, quant au matériel ? J'ai retrouvé la trace d'un amplificateur chez un collectionneur de la région. Le reste s'est évaporé pour l'association. La collection d'affiches d'époque est conservée dans les archives de la Mairie d'Anduze.

Chapitre suivant


Mémoires de la Vie Moderne et du 7ème Art


Association N°W301008266


N° SIREN : 849 707 427


Tous droits réservés -

Mentions légales - Charte de publication - Contact

Site créé avec WebAcappella Fusion