Le cinéma REX
Il lui restait le cinéma REX. Pourquoi REX ? Parce que celà se rapprochait de son nom Restouble, "Rextouble" alors pourquoi pas "REX" tout court. Son cinéma auquel il était particulièrement attaché, fit les beaux dimanches d'Anduze. Dans les années 50, la télévision n'était pas présente et le ciné était la distraction principale. Le film qui avait fait le plus de recettes fut "Les dix commandements" aimait-il rappeler. Il avait démarré l'exploitation à l'époque des films en nitrate de cellulose où l'on devait surveiller la projection avec attention, à la première cassure dans la fenêtre, le film s'enflammait comme une torche et il fallait être prompt à couper la pellicule avant que la bobine entière ne disparaisse en fumée. C'est, entre autres, pour cette raison que de nombreuses sautes d'image apparaissaient à l'écran. C'est vers la fin des années 60 que l'exploitation s'est arrêtée. Mr Restouble en voulait un peu au maire de l'époque le Dr Vallès pour lui avoir fait fermer le cinéma. En fait c'est la commission technique de sécurité qui en raison de l'évolution des normes avait émis un avis pour la mise en conformité des aménagements, mais, considérant que le cinéma répondait déjà aux normes, Germain ne voulut pas se conformer aux nouvelles et il ne fit pas l'effort pour rérouvrir, ce qui tout compte fait fournissait une raison officielle alors que la motivation et la fréquentation baissaient un peu, la télévision arrivait à grands pas. Le Rex travaillait en binôme avec le cinéma de St Jean du Gard. Les films étaient projetés chez l'un puis chez l'autre alternativement cela permettait de passer deux films dans la même semaine. Les projectionnistes se rendaient à vélo jusqu'au pont de Salindre à mi-chemin entre St. Jean du Gard et Anduze où ils s'échangeaient les bobines.
Depuis la fermeture, plus rien n'avait changé dans le bâtiment du cinéma dont la scène était couverte de matériel déposés lors des expulsions successives des locaux municipaux, du magasin, des appartements du presbytère.
Comme j'étais passionné de cinéma, pas de culture cinématographique mais de technique, j'ai insisté auprès du propriétaire pour relancer le cinéma. En 1973 c'était jouable, l'idée était de faire des séries par acteur (idée qui fut adoptée quelques temps plus tard par la télévision). Tout d'abord, il était nécessaire de rencontrer le Maire (à l'époque le Dr Vallès) pour d'une part connaître son avis sur la réouverture et d'autre part obtenir un accord pour ouvrir une issue de secours vers le parc des Cordeliers juste derrière le cinéma. La réponse fut positive pour les deux points. Maintenant, il fallait s'occuper du bâtiment. L'état de la toiture de la salle était correct mais celle de la remise derrière la salle était en mauvais état. Un poutre faitière avait pris l'eau et menaçait de se rompre. La gouttière qui en résultait tombait sur la cabine de projection. J'ai fabriqué une contre-fiche métallique pour renforcer et refait l'étanchéité. Ensuite rangé un peu tous le fatras de matériel : une vieille estrade qui servait aux spectacles dans le parc des Cordeliers, une vieille Matis des années 20, deux "deux chevaux" 1950 et des tas de bricoles en tous genres. La scène encombrée de matériel fut aussi déblayée, et le matériel déposé dans l'appartement du rez de chaussée de l'immeuble côté avenue Rollin loué pas cher car sans visibilité côté cour à cause du mur du cinéma. Dans cet appartement étaient stockés des amplis et des appareils de projection. Une fois place nette, c'est à la salle que je m'attaquai. Dépose des tentures en plastique, dépose d'une partie des vieux sièges en bois recouverts de velours et réfection des enduits des murs côté entrée. Et de l'éclairage de la salle. Puis ce fut le tour de la cabine. Sortir les vieux projecteurs, agrandir par l'arrière avec l'aide d'un collègue artisan maçon, refaire l'armoire de commande, mettre en place les projecteurs plus récents refaire la sonorisation. Une fois le hall d'entrée refait, j'avais passé au total 200 heures de travail seul ou presque, les samedis et dimanches, les soirs et les jours fériés. Germain réglait l'achat des sacs de ciment et de plâtre à l'entreprise Gascuel voisine du cinéma, les frais n'étaient pas énormes. On se mit en quête de nouveaux sièges et une centaine de fauteuils furent achetés lors de la transformation en double salle du cinéma "Capitole" à Alès (maintenant disparu). Une fois tout en place, il fallait avoir l'avis de la commission de sécurité pour connaître les investissements à faire pour obtenir une autorisation d'ouverture et ensuite se réintroduire dans une chaine de distribution peut être avec les cinés d'Alès et une fois démarré, envisager le remplacement des projecteurs et de la sonorisation par des appareils modernes.
Je proposais en 1975 à Germain Restouble un projet de contrat pour fixer notre accord. La démarche n'avançant pas, après six mois de temps perdus, à regret, la mort dans l'âme, j'abandonnais le projet et tout le travail réalisé.
Mémoires de la Vie Moderne et du 7ème Art
Association N°W301008266
N° SIREN : 849 707 427
Tous droits réservés -
Mentions légales - Charte de publication - Contact
Site créé avec WebAcappella Fusion