• Retour
  • Histoire
  • Germain Restouble
  • Le cinéma REX
  • 20 ans plus tard
  • Maintenant

Memoires de la Vie Moderne et du 7ème Art

Collection Tempus Fugit


Germain Restouble

C'est en octobre 1973 que j'ai fait la connaissance de Germain Restouble. Au fil du temps, j'ai appris à connaître l'homme.

Peu expansif, il parlait rarement de lui. C'était un excellent vendeur mais un piètre trésorier. Nombreux sont les clients qui sont venus lui réclamer la facture d'un réfrigérateur ou d'une installation et qui ne l'ont jamais eue. "Ça fera tant" disait-il et on lui donnait le chèque correspondant. Certains en ont un peu profité, mais il savait qui lui devait de l'argent. C'était un "réboussier solitaire". Pourtant, une femme a beaucoup compté, Mme Fernande Robert et sa disparition a provoqué une cassure dans la vie de l'homme. Persuadé qu'elle était décédée par la faute des médecins, il n'avait de cesse à rechercher les arguments qui étaieraient sa thèse. Toujours, il pensait que le monde lui en voulait. C'était une petite paranoïa qui le persécutait. Il faut dire qu'il avait une aptitude très personnelle pour se mettre dans des situations délicates, mais d'un autre point de vue la fin de sa vie a été parsemée d'embuches de tous genres.

En 1958, les inondations lui emportent un lot de machines à laver dans un de ses entrepôts. Dans les années 60, la maison Gras dans laquelle il avait son magasin en haut du Plan de Brie (actuellement salon de coiffure) s'effondre. Avec elle, c'est un pan de vie qui disparaît. Il est relogé par la commune et son bric à bric-à-brac est dispersé dans différents points de la ville. Il y en avait un peu partout, dans son magasin en bas du plan de brie à côté de la station d'essence (maintenant Crédit Agricole), dans un étage des anciennes écoles (bâtiment disparu place du Grand Foirail), dans un hangar au fond de la petite cour au début de la rue neuve, dans une cave dans la ruelle entre la rue Neuve et la rue Bouquerie, dans deux étages du bâtiment du temple rue du Luxembourg.

Dans les années 70, le bâtiment en bas du plan de brie est rasé pour permettre la construction du nouveau Crédit Agricole. Germain est expulsé sans grande indemnité ne pouvant faire valoir que ce magasin est le siège de son activité principale. Le matériel est déplacé dans divers points de la ville dont un hangar prêté par la commune rue Sonnerie (actuellement CCAS). Depuis son PC installé dans la rue Neuve (maison Villaret) qu'il partage avec Mme Fernande Robert, a plus de 70 ans il continue à bricoler, et le nombre d'ouvriers qui comme moi ont travaillé pour lui, reste impressionnant.

L'homme était fascinant et mystérieux. Il avait vécu toutes les belles années du début de l'industrialisation. Il avait réalisé des dizaines d'installations électriques dans toute la région d'Anduze. Tous ces travaux étaient soigneusement consignés dans des petits carnets où chaque ouvrier inscrivait le temps passé et le matériel installé. Chaque poste de radio, puis de télévision, chaque machine à laver, réfrigérateur, avait sa trace dans ses cahiers. Il lui arrivait de récupérer auprès de leurs propriétaires, les premiers appareils qu'il leur avait vendus, toute cette mémoire était disponible dans ses cahiers. On parlerait maintenant de traçabilité. C'est donc un patrimoine culturel, économique, et humain qui était stocké dans ses archives. J'ai personnellement travaillé avec lui pour répertorier les factures impayées et j'avais trouvé impressionnante la valeur de ces documents. Il avait connu les filatures du plan de Brie, le démarrage de l'entreprise Furnon place couverte.

Dans Anduze, il était propriétaire de quelques bâtisses. Une grande maison rue Gaussorgues, une autre rue Basse, un pavillon de chasse dans la montée des Escalades et un petit mas à Boisset. Seule difficulté : il était incapable de financer l'entretien de tous ces bâtiments. Rue Gaussorgues, menaçant ruine, une partie de la maison a été rasée par la commune, la seconde partie fut rasée après son décès pour la même raison. Par besoin financier, il vendit Boisset puis la rue Basse puis le pavillon des escalades dans lequel il aimait passer les après-midi d'été.

Chapitre suivant


Mémoires de la Vie Moderne et du 7ème Art


Association N°W301008266


N° SIREN : 849 707 427


Tous droits réservés -

Mentions légales - Charte de publication - Contact

Site créé avec WebAcappella Fusion